Pompée le Grand


Réorganisation de lEst

Bien que les nobles continuent à dominer les élections consulaires la plupart des années, les véritables sources de pouvoir se trouvent désormais en dehors de Italie. Des commandes extraordinaires devraient être créées si Rome devait reprendre le contrôle de la mer aux pirates. Cest Pompée qui a le plus bénéficié de la restauration de linitiative des tribuniciennes. Après son consulat, il attendit à Rome pendant que les nobles rivaux sapaient la position de Lucius Licinius Lucullus, qui faisait campagne contre Mithradates en Anatolie, et tentaient sans enthousiasme de traiter avec les pirates. Enfin, en 67, le tribun Aulus Gabinius fit passer un projet de loi à lAssemblée populaire habilitant Pompée à régler le problème des pirates.

Pompée était toujours à lEst, réinstallant les pirates en fermiers pacifiques, quand à Rome une autre tribune, Gaius Manilius, a mené à terme, contre lopposition affaiblie, un projet de loi nommant Pompée au commandement contre Mithradates, avec les pleins pouvoirs pour faire la guerre et la paix et pour organiser tout lOrient romain (66). Pompée a déplacé Lucullus et na pas perdu de temps en battant Mithradates en Asie Mineure. Après la mort de Mithradates en 63, Pompée était libre de planifier la consolidation des provinces orientales et des royaumes frontaliers. Pour 6 000 talents, il installa le roi Tigrane en Arménie comme ami et allié de Rome – et comme son propre protégé. Pompée a rejeté la demande du roi parthe de reconnaître lEuphrate comme la limite du contrôle romain et a étendu la chaîne romaine de protectorats pour inclure Colchis, sur la mer Noire et les États au sud du Caucase. En Anatolie, il crée les nouvelles provinces de Bithynie-Pont et de Cilicie. Il annexa la Syrie et quitta la Judée en tant quÉtat du temple dépendant et diminué. L’organisation de l’Est reste la plus grande réussite de Pompée. Sa bonne appréciation des facteurs géographiques et politiques impliqués lui a permis dimposer un règlement global qui devait former la base du système de frontières défensives et qui devait durer, avec peu de changements importants, plus de 500 ans.

La puissance et le prestige de Pompée étaient à leur apogée en décembre 62, lorsquil débarqua à Brundisium (Brindisi) et renvoya larmée. Son troisième triomphe (61) a claironné la grandeur de son exploit. La décennie suivante fut la période de son ascension en Italie, une ascendance qui devait être érodée par la puissance militaire croissante de César et la capture progressive des clientèles mondiales de Pompée, de la base de pouvoir César, à son tour, créée dans le nord de lItalie et en Gaule. Les ennemis invétérés de Pompée à Rome étaient les Optimates, lanneau intérieur des nobles, et non Crassus ou César, qui avaient simplement tenté de voler la vedette en labsence de Pompée et de se positionner dans une meilleure position pour négocier avec leur ancien allié politique. Pendant ce temps, les nobles avaient progressivement réaffirmé leur domination à Rome et entravé les tentatives dalléger la condition de lItalie et de la population romaine. Une fois de retour en Italie, Pompée a évité de se ranger du côté des éléments populaires contre les Optimates. Ce nétait pas un révolutionnaire. Il voulait que toutes les classes le reconnaissent comme le premier citoyen, disponible pour dautres services à grande échelle à lÉtat. Il avait divorcé de sa troisième femme, Mucia, prétendument pour adultère avec César, et proposait maintenant de sallier par mariage au parti du jeune leader sénatorial Marcus Porcius Cato le Jeune. Mais les nobles fermaient leurs rangs contre lui et son offre fut rejetée. Lucullus et d’autres étaient déterminés à empêcher la ratification en bloc de la colonie orientale de Pompée et à rejeter sa demande de terres pour ses anciens combattants.

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