Un fœtus ressent-il de la douleur à 20 semaines?

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Un certain nombre de membres de la Chambre républicaine disent que la recherche scientifique prouve une durée de 20 semaines. le vieux fœtus peut ressentir de la douleur. Cest un sujet compliqué et controversé en science, mais la capacité de ressentir de la douleur à ce moment précis de la gestation nest pas prouvée.

Les républicains de la Chambre ont fait leurs remarques lors dun débat sur la loi sur la protection de lenfant à naître capable de lutter contre la douleur , qui interdirait les avortements au-delà de 20 semaines, à quelques exceptions près pour les victimes de viol ou dinceste et si la vie de la mère est en danger. Il a adopté la Chambre le 13 mai par une marge de 242 à 184.

Plusieurs législateurs ont fait des déclarations similaires à létage de la Chambre:

Rép. Ralph Abraham, 13 mai: En tant que médecin, je sais et je peux attester que ce projet de loi est soutenu par des recherches scientifiques montrant que les bébés peuvent en effet ressentir de la douleur à 20 semaines, sinon avant.

Rep. Dan Benishek, 13 mai: La loi sur la protection de lenfant à naître capable de souffrir de douleur empêchera les avortements après le moment où de nombreuses études scientifiques ont démontré que les enfants dans lutérus peuvent réellement ressentir de la douleur.

Rep. Charles Boustany, 13 mai: Les preuves scientifiques sont claires: les bébés à naître ressentent de la douleur. Ils ressentent de la douleur 20 semaines après la fécondation.

Ces déclarations, et dautres comme elles, posent problème en raison de leur caractère définitif. La recherche scientifique sur la douleur chez le fœtus est extrêmement compliquée, principalement parce que la douleur est une expérience subjective et quun fœtus ne peut pas indiquer si quelque chose fait mal.

La recherche sur le sujet sest concentrée sur les étapes du développement du cerveau et du système nerveux, et ce que lon sait sur le traitement de la douleur dans le cerveau. Nous avons examiné la littérature et parlé avec plusieurs experts, et nous concluons quun point de départ ferme pour la douleur chez le fœtus en développement est essentiellement impossible à cerner, et que les affirmations définitives concernant la perception de la douleur à 20 semaines ne sont pas fondées. Nous ne prenons aucune position sur le projet de loi lui-même.

Examens de la subjectivité et des preuves

Les recherches publiées soutiennent généralement une expérience de la douleur possible seulement plus tard dans la gestation que 20 semaines. Une synthèse des preuves disponibles a été publiée dans le Journal of the American Medical Association en 2005 par des experts de lUniversité de Californie, de San Francisco et dailleurs, et leur rapport a conclu: « Les preuves concernant la capacité de souffrir du fœtus sont limitées mais indiquent que le fœtus la perception de la douleur est peu probable avant le troisième trimestre. » Le troisième trimestre commence entre 27 et 28 semaines après la conception.

La perception de la douleur nécessite la prise de conscience dun stimulus désagréable – les récepteurs dans tout le corps doivent envoyer un signal au cerveau, où elle peut être traitée comme une douleur Une des raisons pour lesquelles la revue JAMA juge improbable la perception précoce de la douleur est que les connexions entre le thalamus, une sorte de centre relais dans le cerveau, et le cortex ne se sont pas encore formées. Cela se produit entre 23 et 30 semaines dâge gestationnel, et les auteurs affirment ces connexions sont un précurseur de la perception de la douleur. Ils citent également des études utilisant lélectroencéphalographie qui ont montré que la capacité de la douleur fonctionnelle chez les nouveau-nés prématurés « nexiste probablement pas avant 29 ou 30 semaines. »

Un rapport de mars 2010 de le Royal College of Obstetricians and Gynecologists au Royaume-Uni a conclu de la même manière:

RCOG, 2010: En examinant les preuves neuroanatomiques et physiologiques chez le fœtus, il a été apparent que connec de la périphérie au cortex ne sont pas intactes avant 24 semaines de gestation et, comme la plupart des neuroscientifiques estiment que le cortex est nécessaire à la perception de la douleur, on peut conclure que le fœtus ne peut ressentir de douleur daucune façon avant cette gestation.

Le Congrès américain des obstétriciens et gynécologues a approuvé les conclusions de létude du RCOG et du JAMA, écrivant en 2012 que « les partisans de la législation sur la douleur fœtale ne présentent que des études qui soutiennent le réclamation de douleur fœtale avant le troisième trimestre. Lorsquelles sont mises en balance avec dautres informations disponibles, y compris les études de la JAMA et du RCOG, la conclusion des partisans ne tient pas. »

Nous avons demandé des preuves à plusieurs membres du Congrès pour soutenir les allégations concernant la douleur fœtale à 20 semaines. Le bureau d’Abraham a refusé, citant l’expérience personnelle du membre du Congrès en tant que médecin de famille. Cole Avery, le porte-parole dAbraham, nous a dit dans un e-mail que le membre du Congrès avait « lu dinnombrables revues et articles médicaux au cours de cette carrière qui lont conduit à la conclusion que les bébés ressentent de la douleur à 20 semaines. Il ny a pas un seul article ou fiche dinformation qui la conduit à cette conclusion, il y est parvenu pendant toute une carrière détudes. »

Dautres ont envoyé des documents à lappui de cette affirmation.Le porte-parole de Boustany nous a envoyé plusieurs fiches d’information et références contenant de nombreuses citations sur la neuroanatomie, le développement et des sujets connexes; lun dentre eux est disponible sur ce site, qui approuve lidée que la douleur est ressentie 20 semaines après la fécondation.

Par exemple, la documentation de Boustany revendique un article de 2007 dans la revue Behavioral and Brain Sciences « a démontré que les enfants nés sans pratiquement tout le cortex cérébral éprouvent néanmoins de la douleur. Cet article, rédigé par le neuroscientifique suédois Bjorn Merker, était une revue des preuves disponibles concernant «la conscience sans cortex cérébral». Il a conclu que la «conscience», qui inclurait la perception de la douleur, peut résider non seulement dans le cortex, mais également dans dautres régions cérébrales en développement antérieures.

En 2013, a déclaré Merker au New York Times que son travail navait quune «incidence marginale» sur la douleur fœtale. En fait, son article, a-t-il dit, « ne traitait pas spécifiquement de la douleur. »

Le matériel du bureau de Boustany citait également un certain nombre darticles détaillant que les récepteurs sensoriels sur la peau commencent à apparaître dès sept à huit semaines, et que ceux-ci sont liés par les cellules nerveuses au thalamus et à la plaque sous-corticale du cerveau dici 20 semaines. Cela suggère que les signaux de douleur peuvent être reçus par un fœtus et envoyés au cerveau, où ils sont traités – mais seulement si ne nécessite pas réellement un cortex cérébral pleinement développé. Certains experts ont en effet soutenu quun certain degré de perception de la douleur peut ne pas nécessiter un cortex, mais encore une fois, il ny a aucun moyen de le confirmer chez un fœtus.

un argument, et un autre mentionné dans les documents de Boustany, a à voir avec la réponse du fœtus aux stimuli. Une piqûre au talon dune aiguille utilisée pour lamniocentèse, par exemple, peut entraîner le recul du fœtus, tout comme un adulte le ferait à une piqûre douloureuse .

Des études ont montré, cependant, que le recul est plus un réflexe contrôlé par le «cerveau inférieur» (qui est impliqué avec plus de fonctions de base comme la respiration quavec la conscience) ou la moelle épinière et ne reflète pas nécessairement une expérience de douleur. En fait, la même réponse peut être observée chez les nourrissons anencéphaliques, qui naissent sans de grandes parties du cerveau. Comme lexplique la revue JAMA: « le retrait lexion des stimuli tactiles est un réflexe spinal non cortical présenté par les nourrissons anencéphaliques et par les individus dans un état végétatif persistant dépourvu de fonction corticale. »

En dautres termes, lexpérience de la douleur est différente de ce que lon appelle la nociception. La nociception fait référence à la capacité du corps à percevoir les dommages – cela peut être atteint en dessous du niveau de conscience, comme avec les réflexes. Un article publié en 2001 dans la revue Bioethics explique la différence: « hile nociception est une activité neuronale, la douleur est une sensation désagréable. Il sensuit que si la douleur nécessite un certain niveau de conscience, la nociception ne le fait pas. »

Intensité de la douleur et viabilité fœtale

Les partisans de linterdiction de lavortement de 20 semaines citent souvent aussi Kanwaljeet Anand, un professeur de pédiatrie, danesthésiologie et de neurobiologie à lUniversité du Tennessee Health Science Center. Il a déclaré que la douleur peut en effet survenir chez un fœtus, par dautres mécanismes neurobiologiques que chez un adulte, dès 20 semaines après la fécondation ou même avant. Une affirmation qui lui est attribuée selon laquelle la douleur perçue est « peut-être plus intense que celle perçue par les nouveau-nés à terme » est souvent répétée, y compris au cours du débat à la Chambre par la représentante Kristi Noem, une républicaine du Dakota du Sud:

Noem, 13 mai: Cest le stade où nous savons que le bébé peut ressentir de la douleur et quil pourrait être viable en dehors de lutérus avec des soins appropriés. En fait, il est prouvé que la douleur que le bébé à naître ressent est encore plus intense que ce quun jeune enfant ou un adulte ressentirait parce que son système nerveux nest pas suffisamment développé pour bloquer cette douleur.

ors dun témoignage devant le Congrès en 2005, cependant, Anand a été spécifiquement interrogé sur cette idée. Il a répondu: « Non. Il y a – ce nest pas mon avis. Et je nai vraiment aucune donnée suggérant que cela pourrait être vrai, ou linverse.  » Il a expliqué quil existe certaines données suggérant un seuil de douleur plus bas chez les nouveau-nés prématurés que chez les nouveau-nés à terme ou les enfants plus âgés, mais quil nest pas possible dextrapoler ce retour à la période de gestation.

Anand a également déclaré au New York Des fois en 2013, il a refusé de nombreuses demandes de témoignages devant les tribunaux concernant la douleur fœtale, sopposant à la politisation de ses recherches.

Noem a également mentionné quun fœtus à 20 semaines « pourrait être viable en dehors de lutérus avec les soins appropriés. » représentantVirginia Foxx, une républicaine de Caroline du Nord, la également mentionné et a cité une étude récente sur les nourrissons extrêmement prématurés:

Foxx, 13 mai: The New York Times rapportant la semaine dernière sur une étude publiée par le New England Journal of Medicine qui a révélé que 25% des enfants nés prématurément au stade de la grossesse et couverts par cette législation survivent.

Létude en question a analysé les résultats concernant 4 987 bébés nés avant 27 semaines dâge gestationnel.

(Il est important de noter que lâge gestationnel et lâge post-fécondation sont différents. Âge gestationnel, qui étude sur la viabilité utilisée, est mesurée à partir des dernières règles normales de la mère avant la conception. Lâge post-fécondation est le temps écoulé depuis la conception. Généralement, on peut ajouter deux semaines à lâge post-fécondation pour calculer un âge gestationnel approximatif. HR 36 se réfère aux avortements après 20 semaines dâge post-fécondation, ce qui est équivalent à 22 semaines dâge gestationnel.)

Nous avons demandé des éclaircissements au bureau de Foxx, mais nous navons reçu aucune réponse. Nous ne savons pas exactement à quoi se réfère son chiffre de 25 pour cent.

Dans létude quelle a mentionnée, un total de 357 bébés sont nés à 22 semaines dâge gestationnel, et 5,1 pour cent dentre eux ont survécu; 2,0% ont survécu sans déficience modérée ou grave. À 23 semaines, le taux a considérablement augmenté, avec 23,6% de survivants dans lensemble et 11,3% de survivants sans déficience. À 26 semaines, la plupart des bébés survivent, à 81,4 pour cent, et 58,5 pour cent survivent sans déficience.

Noem a raison de dire quun fœtus à 20 semaines après la fécondation – ou 22 semaines dâge gestationnel – « pourrait être viable à lextérieur lutérus avec des soins appropriés. Mais au moins dans une étude, seulement 2 pour cent de ces bébés ont survécu sans déficience modérée ou grave, et seulement 5,1 pour cent ont survécu du tout.

Certains experts affirment, comme Anand le fait, que la douleur chez le fœtus nest pas exactement la même chose que chez un adulte et peut survenir avant 20 semaines. Martin Platt, lecteur honoraire et clinique en médecine néonatale et pédiatrique à lUniversité de Newcastle au Royaume-Uni qui a critiqué les arguments contre la douleur fœtale précoce, nous a dit dans un e-mail que  » il est désormais clairement reconnu que les nourrissons et les prématurés traitent la douleur à travers des structures différentes de celles des adultes, de sorte que les arguments «basés sur les adultes» ne sont pas pertinents. » Pourtant, a-t-il déclaré, « nous ne sommes pas plus près de définir un âge gestationnel en dessous duquel » la douleur pourrait ne pas être ressentie.

Dans son éditorial de 2011 dans la revue Archives of Diseases in Childhood, Platt a souligné la nécessité daméliorer compréhension de cette question compliquée avant que des déclarations fermes ne soient faites:

Platt, 2011: la littérature sur le comportement, la perception, lorganisation, le mouvement et les réponses du fœtus se concentre largement sur fœtus au-dessus de 28 semaines de gestation, avec un manque relatif détudes sur le fœtus entre 20 et 24 semaines. Cela se traduit par une trop grande dépendance aux neurosciences, trop de références au travail animal, trop dextrapolation de ces deux et trop peu de réalité. enquête humaine mondiale sur laquelle fonder une vision réaliste. Personne ne niera quil y a des problèmes importants à affronter, mais un débat sensé nécessite une base solide denquête empirique rigoureuse.

Note de léditeur: SciCheck est rendu possible grâce à une subvention du Stanton F oundation.

– Dave Levitan

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