Physiographie
Le découpage régional du Saint-Laurent pose des problèmes difficiles et, malgré un travail scientifique considérable sur le sujet, le le débat reste ouvert. La division suivante a été basée sur des critères généraux tels que le gradient longitudinal du lit de la rivière, les caractéristiques des marées, la salinité, la largeur du fond de la rivière, la géographie humaine et la vie animale. Des zones de seuil, dune douzaine de miles de longueur environ, marquent la transition dune région à lautre.
Le tronçon du Saint-Laurent des rapides internationaux forme une région clairement définie sétendant de Kingston au-dessus de Montréal, où la présence de brusques ruptures de pente dans le lit du fleuve, la nécessité dune route navigable entre Montréal et le sud de lOntario et les besoins régionaux en énergie ont conduit à la création de centrales hydroélectriques, de canaux et dune partie importante de la voie maritime du Saint-Laurent . Le volume découlement de cette section du Saint-Laurent, mesuré à Cornwall, en Ontario, est denviron 218 000 pieds cubes par seconde (6 100 mètres cubes par seconde).
La région des basses terres du Québec est constituée dun tronçon court avec un écoulement calme et irréversible. Cette portion du cours fluvial se caractérise par l’afflux du principal affluent du système, la rivière des Outaouais, par la présence de nombreuses îles, par le développement de la grande agglomération montréalaise et aussi par une certaine pollution de l’eau. Le développement du port de Montréal a dépendu, entre autres, de lapprofondissement du chenal fluvial – en aval par dragage et en amont par canalisation – au moyen de projets dingénierie amorcés au 18e siècle. Pendant les mois dhiver, une épaisse croûte de glace relie les deux rives de la rivière et les brise-glaces maintiennent un chenal ouvert pour la navigation. Dans le passé, la possibilité dembâcles était grande, avec des catastrophes de glace notables survenant en 1642, 1838 et 1896. Cependant, le port de Montréal est resté ouvert toute lannée depuis le milieu des années 1960.
Lestuaire supérieur sétend du lac Saint-Pierre au-dessous de lîle dOrléans à Québec. Là, le courant dune marée deau douce commence à être réversible. Pendant les mois dhiver, la couverture de glace rappelle les conditions de Montréal, mais elle anticipe aussi celles de lestuaire moyen (voir ci-dessous), où une distinction est nécessaire entre la glace de banc (ou de récif), solide et fissurée, et la glace de conglomérat, qui passe au large. De hautes falaises sélevant du littoral fluvial, qui avaient une grande valeur stratégique, ont conduit à la fondation de la ville de Québec dans cette région, en 1608. La zone immédiatement adjacente est devenue le berceau historique de la population francophone distinctive du Canada.
Dans lestuaire moyen, de lextrémité est de lîle dOrléans au côté amont de la confluence avec un autre affluent majeur, la rivière Saguenay, le Saint-Laurent sélargit mais demeure relativement peu profond. Progressivement, leau devient plus saumâtre, et avec un vent dest, il peut être possible, pour la première fois, dattraper lodeur des algues. Les marées, poussées dans un canal de rétrécissement, atteignent leur hauteur maximale dans cette section. La glace de récif éclatée de cette zone constitue lune des principales sources de glace dans les parties en aval de lestuaire.
Lestuaire inférieur, lune des plus importantes altérations topographiques de tout le cours du Saint-Laurent, est trouvé près du confluent du Saguenay, perpendiculairement à un sillon sous-marin. Dans cette région, le fond de la rivière présente une rupture de pente significative: à moins de 10 miles du confluent, la profondeur de leau passe denviron 80 pieds (25 mètres) à 1145 pieds. Cest par cette vallée noyée que les eaux marines froides et lourdes de laval étreignent le lit et pénètrent dans la région. Malgré la largeur du cours deau, plusieurs ferries relient les deux rives. Contrairement à la rive nord peu peuplée, derrière laquelle se trouvent les paysages inhospitaliers et accidentés du Bouclier canadien, la façade sud de lestuaire inférieur est largement ouverte vers son arrière-pays; et les routes principales, y compris la route transcanadienne, séloignent de la rivière vers le Nouveau-Brunswick et dautres provinces maritimes canadiennes.
Les limites de lestuaire maritime sont, en amont, le promontoire de la Pointe-des- Monts et, menant au golfe du Saint-Laurent, lîle dAnticosti. (Cette dernière, en raison de sa taille et de ses propres courants circulaires, est une entité à part entière et ne peut être considérée comme un élément de lestuaire.) Au-dessous de la Pointe-des-Monts, la vallée sous-marine mentionnée ci-dessus double de largeur , à plus de 50 miles. Un bras majeur du courant anti-horaire provenant du golfe du Saint-Laurent, après avoir pénétré dans la partie nord de cette région, se retourne vers lest.La salinité qui sy trouve décourage la formation de glace et, sur la rive nord, le port de Sept-Îles – bien que situé beaucoup plus au nord que Montréal – est en fait plus facile à maintenir ouvert à la navigation en hiver. La façade nord, avec un arrière-pays riche en minerai de fer et en potentiel hydroélectrique et fonctionnant perpendiculairement à cette portion de lestuaire, offre de grandes possibilités économiques.